Cleanwalks : vraiment utiles ?
dimanche 27 octobre 2019

Article paru sur le blog Jusedda, qui a vocation à présenter et questionner différentes alternatives durables.
Une cleanwalk ?
En
courant, en marchant, seul(e) ou en groupe, tous les moyens sont bons pour
ramasser ce que l’être humain, les vents et les aléas de la vie dispersent à
loisir dans la nature.
Pas
besoin de beaucoup de matériel non plus : une paire de gant, un contenant assez
grand et éventuellement une pince à déchets feront l’affaire.
Pour les
personnes souhaitant participer aux différentes cleanwalk organisées partout en
France, ou qui souhaitent elles-même en organiser, je vous invite à vous rendre
sur le site Cleanwalk.org, plateforme des actions citoyennes de ramassage !
Personnellement
ces promenades me permettent de prendre quelques heures de temps en temps pour
me déconnecter de tout écran, me retrouver à l’extérieur et prendre l’air.
Quand on
sait qu’actuellement les individus passent environ 80% de leur temps dans des
espaces clos (à la maison, en voiture ou au travail), s’aménager de petites
fenêtres à l’air libre me semble assez bénéfique.

Jardin de
l’Arquebuse – Dijon – Juillet 2019
Passer à l’action ?
Je ne
vais pas le cacher, mes premières sorties étaient un peu intimidantes, ayant un
peu « honte » de ma démarche et assumant peu le regard que les personnes
posaient sur moi.
Finalement
ma réserve s’est vite envolée et les jours où je n’ai pas envie d’entendre les
quelques commentaires que l’on peut me faire je mets mes écouteurs et tout se
passe bien (et en musique !).
Du
ramassage de déchets, il est possible d’en faire partout !
En ville
: dans les caniveaux, sur les trottoirs, dans les petits carrés de verdure où
poussent les arbres, au pied des bancs, dans les parcs publiques, devant les
bars et les restaurants… La liste est longue ! Les campagnes ne sont pas à
plaindre non plus : parcourant quelques 10km à vélo pour rendre visite à ma
grand-mère, vous n’imaginez pas la quantité d’ordures en tout genre qui se
cache sur les bords des départementales.
Pour ce
qui est du regard des autres, no worries : j’ai en tête que je préfère de loin
consacrer 2 heures de mon temps à cette activité qu’à regarder la télé ou mon
smartphone, qu’à aller consommer des produits sans importance ou tourner en
rond sans savoir quoi faire !
Ces 2
heures sont sans aucun doute bien employées : pour la planète à qui j’ai rendu
un petit service et pour moi qui a eu une réelle et concrète utilité.

5 minutes
de marche – Arras – Décembre 2018
Déresponsabilisation ?
Outre le
constat souvent répété que « ce n’est pas en ramassant tes mégots que tu vas
changer le monde« , l’un des principaux arguments des détracteurs consiste à
dire que ramasser les déchets jetés déresponsabiliserait la population et que
la société se scinderait en deux parties : d’un côté les gens irresponsables
qui prennent la planète pour une poubelle en sachant que quelqu’un passera
derrière eux ; de l’autre les vertueux ou naïfs écologistes qui ramassent.
Je pense
que c’est une vision assez individualiste de notre société qui correspond
plutôt bien à la mentalité française (en opposition à la mentalité des pays du
Nord par exemple), qui est en faite une autre façon de se déresponsabiliser :
ce n’est pas mon déchet donc ce n’est pas à moi de m’en occuper.
Si cette
théorie pourrait concerner une minorité de la population (oui, je suis
consciente que des personnes peuvent penser de cette façon), je ne crois pas
que la majorité d’entre nous soit aussi insensible à cette pollution.
L’individualisme
est le crédo de notre société depuis de nombreuses années et en prenant un peu
de recule, on s’aperçoit que ce manque de solidarité ne nous a pas tellement
réussi, alors si on changeait ? Si on prenait tous la responsabilité des
déchets qui polluent NOTRE Terre ? Qui intoxiquent NOS écosystèmes ?

Promenade
du Lac Léman – Morges – Avril 2019
Action et sensibilisation
En plus
de retirer cette pollution des sols et éventuellement des estomacs de la faune
local (doit on rappeler qu’un mégot peut polluer jusqu’à 500 L d’eau et que
certaines espèces animales les ingèrent en les prenant pour de la nourriture ?
Pollution qui intègre la chaîne alimentaire jusqu’à… nous-même), la cleanwalk
permet de sensibiliser les populations.
Je pense
que 70% de la sensibilisation se passe pendant le ramassage : ça marque
toujours un peu les personnes de voir quelqu’un chercher et ramasser les mégots
un par un pour la bonne cause. On me demande souvent si c’est mon travail et
beaucoup sont surpris d’entendre que je fais cela volontairement.
Le point
positif c’est que je touche des personnes qui ne fréquentent pas les réseaux
sociaux, notamment les personnes âgées.
Il
m’arrive souvent d’être interpellée : la plupart du temps pour saluer
l’initiative, une personne m’a même dit qu’elle ferait une cleanwalk la
prochaine fois qu’elle se promènerait !
La
deuxième vague de sensibilisation est produite sur mes réseaux sociaux :
lorsque je partage la récolte de mes cleanwalk et que les posts sont relayés,
pour atteindre jusqu’à 15 000 personnes ! (d’ailleurs un énorme MERCI pour vos
partages et votre implication dans ce combat de tous les jours <3)

Chemin
pédestre – Arras – Août 2018
Alors, vraiment utiles ces cleanwalks ?
Vous
l’aurez compris, j’en suis convaincue pour les différentes raisons précitées :
activité en cohérence avec mes valeurs, développant le sentiment de
responsabilité envers notre jolie planète, sensibilisation des populations (des
plus âgés aux plus jeunes qui participent, car ici pas question d’entretenir la
gue-guerre des générations). Autant d’arguments qui trouveront toujours leurs
opposants.
Finalement
l’écologie fait partie des sujets qui, au même titre que l’éducation de vos
enfants ou le régime alimentaire que vous adoptez, feront toujours débat : il y
aura les extrémistes, les critiques ne font pas mieux mais qui soulignent vos
défaillances, ceux qui pensent que leur façon de faire est la meilleure de
toute…
Comme on
ne pourra jamais mettre tout le monde d’accord j’ai choisi de continuer mon
action sans me soucier des avis et remarques extérieures. J’ai même pour projet
d’intégrer les mégots que je ramasse à une filière de revalorisation pour aller
jusqu’au bout de ma démarche et éviter de simplement les jeter à la poubelle.
Pour en savoir plus sur mon projet vous pouvez vous rendre sur cette page.
J’espère
que ces quelques mots vous auront convaincus et vous encourageront à
passer à l’action à votre tour !
